Voilà un sujet délicat : la taille , non pas qu’il soit difficile de la pratiquer au contraire cette opération est même trop simple , on prend un sécateur et on coupe , c’est à la portée de tous le monde oui mais voilà on coupe quoi , ou et quand ?
Il est même probable qu’il y ait autant de technique de taille que de jardiniers quoique parfois il semble s’agir plus de technique de massacre ou de non-technique de taille au choix . Pour faire ce petit article , je me suis dit qu’il serait bien d’avoir quelques photos pour illustrer le texte et le rendre un peu plus digeste , et bien il ne m’aura pas fallu plus d’une demi heure en marchant dans un rayon de 1 km autour de chez moi pour arriver à réunir les photos qui vont suivre , j’aurai pu rebaptiser cet article : « le musée des horreurs » ou bien « tout ce que vous devez faire pour massacrer un plante » , jugez plutôt !
Avec quels outils tailler ?
Les Outils de taille
– Sécateur
– Couteau scie
– Sécateur de force
La première question qu’il faudrait se poser en fait c’est : avec quoi faut-il couper ?
Dit de cette manière cela fait un peu ridicule et pourtant vous n’imaginez pas l’importance du choix et surtout de l’entretien des outils .
En effet , tout ce qui va servir à couper doit être soigneusement nettoyé , aiguisé , désinfecté ( Que penseriez-vous d’un chirurgien qui ne désinfecterait pas son bistouri entre chaque intervention ? ) et pour ce qui est des sécateurs ( Qu’il soit de force ou non ) huilé après avoir soigneusement resséré si nécessaire l’écrou qui maintient les 2 parties entre elles ( Dès qu’il y a le moindre « jeu » entre ces 2 parties , les branches sont mâchées plus que coupées et en plus le sécateur se coince . )
La position du sécateur est importante .
La contre lame ( Partie située haut sur la photo ) doit appuyer sur la partie du rameau qui est à supprimer , la lame elle ( Partie située en bas sur la photo ) vient faire une coupe nette sur la partie du rameau qui va porter la cicatrice ( La cicatrisation sera plus rapide sur une coupe nette ) .
Le sécateur de force est à utiliser selon le même principe sur des rameaux de sections trop importantes pour être coupés avec un petit sécateur .
Destinés à des sections encore plus grosses , les couteaux scie sont en général à coupe tirante , c’est-à-dire que les dents sont courbées vers le manche de l’outil , c’est donc en tirant que l’on coupe le bois puis on réavance le bras sans forcer . Les mêmes précautions sont à prendre concernant l’aiguisement de l’outil ( Un couteau scie ne s’aiguise pas avec une pierre mais avec un petite lime ) .
L’application d’un cicatrisant du type goudron de Norvège ou « écorce » artificielle ( Lacbalsam , Drawitec , Bayleton ) améliore considérablement la cicatrisation des plaies de taille .
Donc , il convient de prendre l’outil adapté à la grosseur de la branche que vous avez à couper sous peine de faire des plaies qui ne soient pas nettes , qui vont difficilement cicatriser et seront donc une porte ouverte aux maladies et aux insectes xylophages ( Qui se nourrissent du bois des arbres ) .
Pourquoi tailler ?
Il est toujours bon de s’interroger sur l’opportunité d’une intervention . Pourquoi veut-on tailler?
Parce que votre voisin ou le service espace vert de votre ville l’a fait . La taille ne doit pas être une opération systématique , si votre plante est correctement ramifiée , ne gène pas le passage ( Dans ce cas là , il faudrait peut-être envisager de déplacer la plante et la mettre dans un endroit où elle pourra s’épanouir pleinement ; la taille adulte des plantes est signalée pour chaque plante dans ce site , ce n’est pas pour rien . ) et n’est pas un rosier buisson il n’est peut-être pas nécessaire d’intervenir .
Croire que l’on peut contenir une plante dans des proportions identiques en permanence est utopique ; les plantes grandissent toutes ( Plus ou moins rapidement ) et il faut apprendre à gérer et anticiper cette croissance nécessaire et inévitable . Il n’y a probablement que dans le monde végétal que l’on voit s’opérer un tel changement de proportions au cours de la vie d’un être vivant , passer d’une plantule de quelques centimètres à un arbre de plusieurs dizaines de mètres .
Si vous vous êtes déjà essayé à l’art du bonsaï ou du jardin à la française avec ses haies basses , vous avez du vous rendre compte du temps et de la technicité que cela demande .
Tailler , mais quoi ?
Il est bien évident que chaque groupe de plantes demande des interventions différentes , on ne gère pas de la même manière un arbre et un petit arbuste .
Etui porte sécateur . En dehors du fait qu’il présente l’avantage d’éviter de le perdre dans le jardin ou de déchirer la poche du pantalon , il permet d’avoir son sécateur toujours à portée de la main et aussi paradoxal que cela puisse paraître , il permet de moins l’utiliser ( Mieux plutôt ) … cela évite les raisonnements du style : » Tant que j’ai le sécateur en main , je vais m’occuper de la taille et je le poserais après » avec un raisonnement comme celui-ci c’est des erreurs garanties , alors qu’en sachant que vous pouvez le reprendre à n’importe quel moment , chacun de vos gestes est beaucoup plus réfléchi .
Les vivaces : on ne peut pas parler de taille au sens strict du terme , ici il s’agit plus d’un nettoyage et de la suppression des parties sèches , sur les Hostas , Rudbeckia , Phlox , Hemerocalle , Gazania que voulez vous faire à par enlever les feuilles sèches . Pour ce qui est des Felicia , Lantana rampant , Osteospermum , Cuphea , Convolvulus l’opération consiste plus à couper les parties terminales et/ou redonner une forme à la touffe . Si vous avez , pour une raison ou pour une autre , besoin de tailler beaucoup plus court qu’à l’accoutumée , assurez vous que la plante le supporte en faisant le test sur quelques rameaux ( Félicia amelloides et Osteospermum le supporte très mal par exemple ) , sinon restez sur des parties feuillées .
Les arbustes : Quand on achète un arbuste , on peut encore observer les coups de sécateurs du pépinèriste ce n’est pas pour ça qu’il faut continuer à faire la même chose . Les motivations du producteur sont différentes des votres , quand il taille une plante s’est pour qu’elle soit bien ramifiée et proportionnée par rapport au volume du pot quand elle sera en fleur afin de pouvoir la présenter à la vente , dans votre jardin vous n’avez plus la containte de l’encombrement .
En dépit de tous ce que l’on peut entendre sur la taille , elle n’est pas une opération incontournable mais voilà nous sommes dans un jardin et un jardin n’a rien de naturel puisque nous décidons que telle plante va être placée ici et telle autre là et que en plus elles vont être obligées de s’accomoder du sol et du climat votre région . En fin observateur que vous êtes et aprés avoir demandé tous les renseignements nécessaires sur les plantes que vous venez d’acheter , vous allez les placer judicieusement et maintenant ( Enfin les années qui suivent ) vous allez pouvoir peut-être intervenir avec votre sécateur . La taille doit pouvoir vous permettre d’influer sur le développement de votre plante sans l’entraver , de la faire grandir plus rapidement en selectionnant tels ou tels rameaux mieux placés et/ou plus vigoureux , d’obtenir un sujet bien ramifié par la suppression des parties terminales , de redonner de la vigueur à cet arbuste qui s’est affalé en le taillant court , de rabattre un autre qui se sera complètement dégarni de la base mais en aucun cas la taille ne doit constituer un geste dominateur destiné à dompter cette nature décidement bien indisciplinée .
Si vous plantez un Laurier rose comme celui-ci ( Celui de droite , avant la taille ! ) , il poussera je vous le garantis et bout de quelques années personne ne se doutera qu’il a été si moche un jour . En intervenant maintenant cette plante aura retrouvée son meilleur aspect au bout d’un an seulement et sera garnie en feuilles à partir de la base . Sur la plante taillée , les 5 à 6 branches dont la section est un peu supérieure aux autres donneront naissance à 2 ou 3 branches chacune ; cette plante aura donc une quinzaine de branches au bout d’un an et seront situées bien au dessus du collet . Dans le cas présent il est préférable d’intervenir dès le début du printemps afin que la plante ait le temps de reconstituer son feuillage , on sacrifie la floraison d’une année pour profiter de celles des années suivantes . Il faut quand même préciser qu’il n’est pas nécessaire d’intervenir de la sorte de manière régulière , ici il fallait rattraper un sujet particulièrement déformé et si ce Laurier rose est planté tout de suite , il ne sera peut-être plus utile de la tailler à nouveau .
Les arbres : Les gens qui élèvent leurs arbres en partant de la graine sont rares , les autres achètent des arbres déjà formés en tige , à partir de là il y a déjà moins de travail même si l’arbre est encore loin d’être complètement formé . Les premières années , les interventions consisteront à couper des branches pour obtenir des ramifications supplémentaires si la plante en manque , à calmer les ardeurs d’une ou plusieurs branches qui auraient tendance à se développer beaucoup plus que les autres et qui finiraient par nuire à l’aspect général de l’arbre .
Si par contre vous « héritez » d’un jardin dont l’ancien propriétaire avait le sécateur facile , il se peut que ces arbres aient une forme qui ne vous convient pas , là il faut quand même tourner son sécateur 7 fois dans son étui avant d’agir ; je pense notamment aux arbres taillés comme les saules . Cette « technique » consiste à tailler chaque année tous les rameaux de l’année précédente à leur point de départ , à cet endroit là , la plante développe un espèce de moignon disgracieux qui grossit bien évidemment comme le reste de la plante et que l’on appelle les têtes de Saule . L’arbre ayant « pris l’habitude » de se faire dénuder de la sorte chaque année aura tendance à stocker ses réserves dans ses têtes de Saule , les supprimer affaiblirait d’avantage l’arbre . Il reste la solution de le faire pousser de nouveau normalement , mais si il s’agit d’un sujet âgé il sera difficile de lui faire reprendre une forme normale et les arbres taillés ainsi sont condamnés à être tailler toute leur vie . Sans que votre arbre ne présente ces têtes de Saule , il se peut qu’il est une forme de … tout ce que vous voulez sauf d’arbre , il y a moyen d’intervenir mais toujours de manière progressive , en douceur s’il vous plait . Un sujet encore vigoureux ne présentant pas de nécroses ( Parties mortes ) sur les branches principales peut être restructuré progressivement dans le cas contraire , charpentières ( Branches maîtresses ) endommagées et/ou sujets vieillissants , il semble que la partie soit perdue d’avance . Comme sur la photo ci-dessous il arrive que des rameaux cassent , il convient de supprimer les branches portant des plaies comme celle-ci car leur solidité s’en trouve considérablement amoindrie .
Les conifères : A effectuer au taille haie en restant sur des rameaux vertes selon la forme souhaitée ( Boule , cône ) . Attention encore une fois de ne pas trop chercher à modifier le port naturel de la plante et surtout de la laisser évoluer , l’exemple du Cyprès florentin illustré un peu plus haut sur cette page nous le montre bien ; étant toujours taillé aux mêmes endroits les ramifications s’accumulent sur le bout des branches et constituent un poid que ces branches ne sont pas capables de supporter .
Les haies :
– de conifères : quand votre haie aura un épaisseur donnée , il sera impossible de la réduire , les conifères utilisés pour faire des haies ne supporteront pas d’être taillé sur du vieux bois alors pensez à intervenir régulièrement par petite touche et si vous voulez que votre haie fasse 2 m , ne commencez à couper quand elle a déjà atteint 2m . Coupez d’abord à 1.50 m puis 1.60 m etc… vous aurez ainsi une haie beaucoup mieux ramifiée . Ne soyez pas tenté de planter trop dense , vous le regretteriez au bout de quelques années , je pense au volume des déchets de taille à évacuer .
– de feuillus : Ce sont sensiblement les mêmes réflections qui sont à faire que pour la haie de conifère , avec cette différence ( Importante ) c’est que vous pourrez réduire l’épaisseur ou la hauteur de votre haie si celle-ci a atteint des proportions trop importantes en taillant court pour revenir sur du vieux bois , elle aura par contre l’air franchement déplumé la première année .
Les plantes exotiques : les seules interventions nécessaires sont la suppression des feuilles sèches , mais même si l’opération est parfois longue il est préférable de couper les feuilles au sécateur plutôt que de les arracher , cette méthode laisse de vilaines cicatrices sur le tronc .
Quand tailler
Les plantes à floraison hivernale et printanière se taillent après la floraison ( Taille en vert ) , à part les rosiers qui se taillent comme les plantes de la catégorie ci-dessous .
Les plantes à floraison estivale et automnale se taillent en début de saison avant le démarrage de la végétation ( Taille en sec ) .
Les plantes décoratives par le feuillage se taillent au printemps .
Les plantes dont les fruits sont décoratifs ne devront pas être taillées tous les ans
Il faut éviter de pratiquer la taille pendant les périodes de gels prononcés . La taille en sec ne doit pas être pratiquée trop tôt dans l’hiver , car elle pourrait provoquer un départ prématuré des bourgeons qui risqueraient de geler en cas de retour de grands froids . On voit pourtant souvent ses opérations faites en plein hiver par les entreprises de jardins et les services espaces verts des villes , ceci pour une raison simple , c’est que l’hiver est une période creuse pour les jardiniers et est suivie d’une période d’intense activité , le printemps , ainsi tous les travaux effectués pendant l’hiver seront autant de temps de gagné pour le printemps .
LE LAURIER ROSE
Je ne saurais terminer ce petit tour de table sans parler du cas particulier du Laurier rose . La pratique la plus largement répandue consiste à les tailler au mois de Septembre , Octobre , l’argument de ceux qui la pratique est imparable ( Quand ils savent pourquoi ils le font ! ) : » Il faut tailler après la floraison , si on les taille au printemps ils ne fleurissent pas » !?
Est-il vraiment nécessaire de le tailler ? Si il s’agit d’un jeune sujet qu’il faut former comme nous l’avons vu un peu plus haut , je conseille plutôt la taille de printemps .
Si il s’agit d’un sujet déjà adulte complêtement dégarni ou vraiment mal formé , alors il faut le recéper ( Taille très courte pour favoriser la formation de rameaux à la base ) ou le restructurer en sélectionnant les rameaux qui sont intéressants mais dans les 2 cas il ne faut pas espérer avoir des fleurs l’année de la taille et la pratiquer au printemps afin que la plante se « reconstitue » le plus vite possible .
Dans tous les autres cas fichez leur la paix , tailler un Laurier rose adulte suffisament ramifié et correctement formé n’aura d’autres conséquenses que de diminuer la floraison , attirer les pucerons sur les nouvelles pousses , favoriser l’apparition de maladie